Maxyne a 18 ans.
Nous étions à table, ma famille et moi. C’était à l’heure du souper. Personne ne parlait, tout le monde savourait le bon poulet que ma mère avait préparé. Nous étions quatre, mon père, ma mère, mon frère et moi-même. J’étais anxieuse. Anxieuse de connaitre leur réaction. Ma famille était du genre soudée mais un peu trop, voyez vous. Mes parents nous avaient couvés, mon frère et moi, comme des petits oiseaux fragiles et sans défense. Ce qui avait le don de m’énerver au fil de temps. Au fur et à mesure, ma mère avait développé un don de médium, à détecter sur notre visage que quelque chose ne se passait pas comme on l’aurait désiré. Et c’était étonnant que ma mère ne m’ait encore posé aucune question. J’avais à peine touché à mon assiette, tandis que mon père et mon frère dévorait. Je me demandais comment ils faisaient pour avaler cette nourriture. Il faut dire que ma mère n’a jamais été un véritable cordon bleu. Là n’était pas le sujet. Bon, je pris le taureau par les cornes et me lançai. « Papa, maman, j’ai quelque chose à vous dire.. » « T’es enceinte ! » Lança mon frère. « Crétin ! » Je fusillais mon frère du regard. Mes parents étaient scotchés sur moi, impatients de connaitre ce que j’avais à leur dire. « Je pars. Je pars m’installer dans mon appart’. » Ma mère en perdit ses couverts tandis que mon père resta de marbre. Je regardai mes parents, attendant une réponse de leur part. J’avais peur de leur réaction, surtout celle de mon père. Il pouvait très bien décider de m’enlever de son testament et de ne plus me considérer comme sa fille. Mes parents n’eurent étrangement aucune réaction. Pourtant, quelques semaines plus tard, j’étais belle et bien partie du cocon familial, à mon plus grand bonheur. Je n’avais plus mes parents sur le dos. Mes parents n’étaient même pas venus voir l’appartement, tellement ils m’en voulaient de partir comme ça, un peu comme une voleuse. Je sentais que quelque chose les avait blessés mais jamais ils ne m’en parlèrent.

Maxyne a 22 ans.
J’étais dans ses bras. Il n’y avait que là où je me sentais bien, dans ses bras. Nous avions décidé de prendre notre repas sur la plage et de regarder en amoureux le coucher du soleil. Et je me sentais bien. Cela faisait maintenant presque 4 ans que nous étions ensemble et j’étais encore plus amoureuse que jamais. Ce garçon me rendait dingue. Il savait comme s’y prendre avec moi pour me rendre folle de lui. Il n’y avait que lui qui me rendait aussi heureuse. Nous venions de terminer le repas quand il me demanda de venir près de lui, dans ses bras. Je n’avais pas réfléchi longtemps avant d’accepter. Je me sentais protéger dans ses bras, à l’abri de tout danger. Certes, nous avons des hauts et des bas, comme dans chaque couple. Mais les bas nous rendaient encore plus amoureux à chaque fois. Le silence régnait. Il faut dire que je profitais au maximum de la situation parce qu’avec nos études respectives, les moments d’intimité comme celui-ci se faisaient rares. . J’avais les yeux fermés et pensais au reste de la soirée qui allait continuer quand Mattéo rompit ce silence. « Tu sais que je t’aime ma chérie ? Tu sais que jamais je ne voudrais qu’il t’arrive du mal ? Tu sais que je ne voudrais jamais te faire souffrir ? » J’ouvris les yeux et le regardai avec un sourire. « Bien sur que oui que je le sais. Mais pourquoi tu me dis tout ça ? » Son visage se ferma et il regarda vers le large. Mon sourire s’effaça de mon visage. J’avais peur de ce qu’il allait me répondre tout à coup. « Parce que j’ai un truc à t’avouer. Et quand je te l’aurais dit, tu vas me détester.. » Je m’écartai de lui, le regardant bien en face. Je ne répondis pas et lui montrai qu’il pouvait tout me dire, même si j’avais incroyablement peur. « Je ne te l’avais pas dit mais j’ai envoyé une demande d’inscription à l’école où je voulais aller, celle dont j’ai pas arrêté de te parler. J’ai eu la réponse il y a quelques jours de cela. Et sans y croire, ma demande a été acceptée. Je dois partir en Australie. » Il s’arrêta là. Il avait raison, je le détestais. Je le détestais d’une part parce qu’il ne m’avait rien dit à propos de cette demande mais aussi parce qu’on allait être séparé. Même s’il est vrai qu’il n’avait pas arrêté de me parler de cette école, j’étais loin de m’imaginer que son rêve était de l’y intégrer. Je le détestais parce qu’il ne m’avait rien dit alors qu’on s’était promis de tout se dire, parce que je pensais qu’il me faisait suffisamment confiance pour tout me dire. « Pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant ? » En réalité, je ne savais même pas quoi lui répondre. « Je ne t’ai rien dit parce que je pensais n’avoir aucune chance d’y être accepté, je pensais que ce n’était qu’un rêve. Et je pensais que tu avais compris que je voulais aller là-bas pour finir mes études. Je … je suis désolée, pardonne moi mon amour. » « Te pardonner ? Te pardonner de m’avoir caché le fait que tu te barres à l’autre bout du monde ? Mais tu plaisantes ? Je n’arrive même pas à croire ce que tu me dis là. Bien sur que j’avais compris que tu voulais aller là-bas mais je ne pensais pas que c’était ton rêve. Et je ne pensais surtout pas que tu ne me faisais pas confiance. » Je me levais et commençais à remballer les affaires du repas. Je ne voulais plus rien avoir à faire avec lui et je ne voulais plus rien entendre de sa part. En effet, je le détestais. « Maxyne, s’il te plait, … » Je lui coupais la parole. « Non, ne me sors pas que j’aurais pas compris pourquoi tu voulais faire ça. Tu sais très bien que je suis prête à tout accepter pour toi, à tout faire pour toi mais visiblement ce n’est pas réciproque. Et j’en suis désolée. J’aurai pu comprendre ton geste si tu m’en avais parlé avant même de recevoir la réponse… Tout ce que j’ai à te dire, c’est bonne chance pour tes études et bonne route. Je ne veux plus rien qui vient de toi, je ne veux même pas de tes nouvelles. » Je partis en courant, le laissant en plan après mes paroles assassinantes. J’allais sans doute le regretter mais je m’en fichais. Je voulais qu’il comprenne qu’il m’avait prise pour une imbécile.