« Et si tu allais draguer des filles sur TON campus.
- Tu te prends pour le roi ? T’as peur de la concurrence ? Ou c’est peut-être parce que ta copine m’a préféré à toi ? » répliquait un arrogant blondinet à un mec pas si différent de lui.

J’avais du mal à saisir à quoi ça me faisait penser… Roméo et Juliet ? Non… ils allaient même pas se foutre sur la gueule. Peut-être… Ca y est ! West Side Story ! Vous savez deux clans qui refusent que les uns sortent avec les autres. J’ai jamais vu la fin… c’était trop kitch. Mais là, c’était ça, alors qu’il n’y avait aucun interdit, même entre confrérie, entre différence. On pouvait bien sortir, coucher avec qui on voulait, ça dérangerait bien que le voisin et peut-être la famille. Ca avait encore moins d’importance quand on avait fini ses études. Mais de là où je me trouvais, j’avais l’impression de voir deux coqs se battre pour un ver de terre un peu trop dodu pour pas devoir finir dans leur estomac ; ou bien encore deux gamins se disputer pour une sucette. C’était peut-être même exactement ça ; ils se battaient pour une forme de ‘sucette’ si vous voyez ce que je veux dire. Je vois déjà vos petits sourires pervers et l’éclat dans vos yeux, vous avez compris.

Mais si c’était que ça ! Il ne se passait pas un jour sans que l’orgueil des uns ne pousse les autres à réagir. Chacun devait organiser la meilleure fête ! Avoir les meilleurs résultats ! Décrocher le meilleur job ! Pas question que la fac publique batte la fac privée bien sûr, sinon c’était un drame ! Ou pas, puisque c’était déjà arrivé : la ville était leur terrain de jeu. Pourtant les dés auraient dû être jetés avec l’argent des fil(le)s à papa, des subventions d’hommes riches y ayant fait leurs études, mais il ne fallait jamais jurer de rien. La semaine dernière, la meilleure fête n’avait strictement rien coûté à son organisateur et avait attiré du monde des deux universités. Il suffisait d’être malin, et pour vivre à Tampa, il le fallait bien !

Au fond, ce n’était qu’un jeu, une histoire d’égo et d’amusement. Qu’importe les études vous diraient certains, surtout ceux qui travaillent, ceux qui vivent pourtant, s’enflammant, s’éclatant, vibrant dans leur propre existence ! A des lèvres, sur de la musique, dans des bras… ! La vie c’est avant, pendant et encore après, alors on peut s’éclater à n’importe quel moment, faire un truc fou juste pour se sentir vibrer, qu’on travaille ou qu’on étudie, que son portefeuille soit vide ou plein, on s’en fout ! C’est tout ça qui fait vivre la ville, palpiter son cœur gorgé de soleil, de rire, de larmes. Et le spectacle que j’avais sous les yeux, j’avais beau le critiquer, c’était peut-être nous hier, ou ça le sera peut-être demain. Quelqu’un d’autre sera assis sur un banc, verra notre sourire, nos larmes, nos rires, nos colères… et alors ? Qu’est-ce qu’on en a à foutre ? Tout ce qu’on veut nous c’est vivre !

Crédit - Lsi pour SYM.
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