« C'est franchement un plan foireux » que je lui lance, tandis qu'on est toutes les deux assises sur le lit de son copain. Ce type est foncièrement taré, et je le déteste profondément. Milosevic est une enflure de première, aussi taré que la plupart des mecs des fraternités de cette université où tout pue la richesse et les dollars mal investis. Où croit-elle vraiment qu'elle va trouver LE type pour me donner envie de me faire lever comme une catin? Certainement pas entre les murs de celle où la fête aura lieu, entouré de mecs trop sûrs de leur charme parce qu'ils portent des pulls et des pantalons à 700 balles l'unité. Elle m'a forcée à enfiler un short crème et une blouse translucide noire, avec des ballerines noires, elles aussi. Une vraie poule de la haute, ce que je ne suis pas et dont je remercie le Seigneur de m'avoir fait naître dans la classe moyenne pour ne pas avoir à me soucier que je porte la saison dernière et que cela bousille totalement ma vie sociale « Tu as trop maté Greek à la télé. C'est pas comme avec le copain de la soeur de Rusty, je te le promets ». Je suis pas convaincue, pas du tout. Pourtant, elle lève ses fesses enfermées dans une jupe crayon pour nous verser un verre de Grand Marnier. J'oublie Milosevic qui fume son shit sur le balcon de l'étage de résidence, et je soupire « Je le sens pas, mais c'est toi qui voit. Si on me vire parce que je me suis fait griffée par une folle de Givenchy, t'es l'unique et entière responsable du fiasco et tu te charges de le dire à Jace ». Elle éclate de rire, et on commence notre soirée, réchauffée avec la liqueur à saveur d'orange et quelques chansons hype du moment...

Il ne saurait pas différencier Christophe Colomb de Cristiano Ronaldo pour la plupart, c'est d'un pathétisme ahurissant. Il y en a certains qui discutent plus de deux secondes, mais foutent la main aux fesses en moins de cinq. D'autres ne le font pas, mais ceux-là n'aiment pas les femmes, préférant justement les footballeurs sexy. Pas de surprise. Laissant Marine débattre avec trois types sur la situation politique de la Russie - sujet pertinent à minuit tapant - je me retrouve, après de longues minutes de recherche, à atteindre le bar dans ce salon de garçonnière avec du cuir à profusion et des boiseries foncées. Très Greek quoi. Une bouteille de whisky trône sur le bois de chêne, un verre où se trouve des glaçons et aucun liquide. J'y verse le liquide couleur miel sans me soucier de son propriétaire légitime, qui se racle la gorge au moment où je porte le verre à mes lèvres pour manifester son désaccord. Suffit de poser les yeux sur ledit propriétaire pour comprendre « Wilkinson, eh bien, ma soirée va en s'améliorant on dirait... ».